Le Patrimoine des Maisons en Terre crue d'Ouzilly-Vignolles 86
En tout lieu, l’architecture vernaculaire nous révèle son lien direct avec la géologie locale.
L'architecture vernaculaire d'Ouzilly-Vignolles
Comme partout, l’homme a construit avec ce qu’il avait sous les pieds, ici la terre du marais.
En 1993, un inventaire dénombrait 114 logis dont 54 partiellement en terre. Ils se partagent entre les deux hameaux d’Ouzilly et Sauzeau. Dix-neuf ont la totalité de leurs murs en terre mais pour six d’entre eux, un enduit masque la terre. Les constructions restantes sont des granges, étables ou dépendances. Si aujourd’hui, tous les toits sont recouverts de tuiles ou d’ardoises, de nombreux témoignages d’actes notariés nous indiquent qu’il y a encore un siècle et demi ou deux siècles, les couvertures étaient de chaume.
Les maisons de terre de la commune sont toutes sans exception élaborées par la technique de la bauge. L’extraction de la terre se faisait à proximité du bâtiment à édifier. L’emplacement de la terre d’excavation pouvait servir de mare pour abreuver les animaux.
La “bauge” est sans doute le système de construction le plus ancien, le plus archaïque, celui qui demande le moins d’outillage. Il consiste à entasser des “levées” successives de 40 à 60 cm, d’un mélange à l’état plastique de la terre choisie, d’eau et de fibres diverses.
L’analyse d’un morceau de mur de l’une des maisons les plus anciennes nous donne les résultats suivants
– 90% de granulats fins de tailles variables (sable, limons).
– 10% d’argile libre (la colle).
Cette proportion d’argile libre s’avère variable et semble augmenter à proximité d’une rivière.
A cela s’ajoute une part indéterminée de fibres diverses.
Le granulat est un calcaire argileux, il s’agit d’une marne. La commune se trouve sur la continuité des mêmes couches géologiques du Jurassique que le village de “Marnes” à 6,5 km, de “Saint Jouin de Marnes”, à 7 km , ainsi que de la cimenterie d’Airvault à 16 km qui exploite un minéral proche pour faire du ciment.
Une terre à bâtir est toujours composée d’un mélange de grains minéraux de diverses tailles (cailloux, graviers, sables, limons) liés entre eux par une “colle”, l’argile. A ce mélange minéral stérile, que l’on appelle aujourd’hui “béton de terre”, sont souvent ajoutées des fibres de façon à armer le mélange. L’apport de la quantité d’eau adéquate permet de donner au mélange l’état, soit humide, plastique ou visqueux, nécessaire à la mise en œuvre en fonction de la technique de construction choisie.
Aujourd’hui encore, plus de la moitié de l’humanité vit dans un habitat en terre. Il en existe sur les cinq continents et sous tous les climats. En France, l’habitat en terre crue ancien représente environ 15% du patrimoine architectural. En fonction des lieux, des cultures, des types de terre, des coutumes, les différentes façons de construire peuvent se résumer en quatre grandes catégories, la bauge, le pisé, le torchis et l’adobe. Ces différentes techniques sont visibles et expliquées au Logis Terra Villa.
Enduit terre contemporain sur ancien mur en bauge.
La filière ciment est responsable de 5% de l’empreinte carbone mondiale. La terre, le plus ancien matériau de construction du monde s’avère un des plus performants et écoresponsables. Un passé que l’on croyait révolu redevient soudain une source de connaissances et d’inspiration pour le développement d’une architecture saine et respectueuse de l’environnement.
Le développement d’une « filière terre » spécifique regroupant les professionnels : architectes, bureaux d’études, entreprises du bâtiment, artisans, associée à la récente adoption de normes officielles (*) sur les techniques de constructions en terre, contribuent aujourd’hui à encourager et développer fortement son emploi dans la construction contemporaine. Les chantiers d’auto-construction bénéficient également de ces nouvelles avancées.
Les terres à bâtir sont disponibles dans de nombreuses régions et la mise en œuvre de la terre, matériau recyclable à l’infini, n’engendre ni déchets ni émissions de CO².