Le Patrimoine des Marais de la Dive du Nord
Une ancienne zone humide entre HAUT-POITOU et ANJOU.
Légende de la nature des sols (carte Info Terre 1/50 000) :
A. Colluvions issues des formations sableuses du Cénomanien et des marnes [1] oxfordiennes, sur substrat de calcaires et marnes de l’Oxfordien moyen.
B. Oxfordien moyen : calcaire argileux en petits bancs alternant avec des marnes grises compactes, marnes beiges à spongiaires.
C. Marnes à Spongiaires (éponges) (Oxfordien).
D. Tourbe [2] d’hypnacées (mousses) et de carex (souvent appelés rouches) (Quaternaire).
E. Alluvions anciennes (Quaternaire).
F. Alluvions récentes : sables, limons argileux, argile.
[1] Marne : roche sédimentaire, mélange de calcaire (CaCO3) et d’argile.
[2] Tourbe : accumulation sur de longues périodes de matière organique morte, essentiellement des végétaux, dans un milieu saturé en eau.
Autrefois le marais occupait plusieurs milliers d’hectares. Inondé la moitié de l’année et considéré comme fort insalubre, il a sans doute permis à ses habitants de rester à l’écart des très nombreuses batailles (*) dont Moncontour a été le théâtre. En effet le terrain était tel qu’on pense qu’il était infranchissable par les armées.
(*) Les batailles les plus marquantes à Moncontour-de-Poitou :
769 : Charlemagne reprend à Moncontour l’Aquitaine Orientale à son frère Carloman.
1034 : victoire de Geoffroy II d’Anjou sur Guillaume VI de Poitiers, Duc d’Aquitaine.
1370 : les Poitevins dépendant des Anglais prennent Moncontour qui avait avait été fortifié par les comtes d’Anjou. Cette place forte est reprise par Du Guesclin en 1372.
1569 : bataille de Moncontour, la plus meurtrière. Les catholiques conduits par le Duc d’Anjou (futur Henri III) tiennent en échec les protestants de l’Amiral Coligny. Le nom de “Vallée Rouget” est donné au lieu de cette bataille en souvenir des 17 000 morts évoqués par certains historiens.
Comme tous les lieux sauvages, difficiles d’accès, ingrats ou secrets, les marais ont été également des lieux de refuge, donc de survie. Malgré l’hostilité des lieux, la population qui s’est établie ici a pu, durant les périodes troublées, vivre totalement en autarcie en tirant partie des nombreuses ressources du marais : la pêche, (le marais avait la réputation d’être riche en brochets, anguilles et écrevisses), la chasse, la cueillette, la vannerie, puis plus proche de nous, la culture du chanvre, l’élevage de sangsues, l’exploitation de la tourbe, le commerce de denrées via le canal Saint Martin.
Même les maisons ont été construites avec les seules ressources du marais : murs en terre, poutres non équarries, toitures en chaume.
Au 4ème siècle des moines installés à Ension (Saint Jouin-de Marnes) réalisent les premiers projets d’aménagement pour mieux tirer parti des ressources du marais.
Autour de l’an 1000 sont creusés des chenaux ainsi que de multiples fossés permettant d’irriguer et d’assainir les terres basses.
Vers 1658, un assèchement partiel est opéré.
Après la révolution, l’état attribue une partie du marais aux habitants de la commune pour la culture du chanvre (“Marais Commun” sur le cadastre). Les canaux et fossés sont utilisés pour le rouissage de la plante.
Dès le début du 19ème siècle, après l’apparition du peuplier d’Italie, des élevages de sangsues s’installent dans le marais tourbeux.
La tourbe est commercialisée du début du 20ème siècle jusqu’aux années cinquante,
Le grand remembrement des années 1960-70 sonne la disparition d’une grande partie de cette magnifique zone humide. La plaine argilo-calcaire est, après drainage, livrée aux cultures de maïs et autres céréales. Le petit marais tourbeux encore irrigué est aujourd’hui occupé en partie par la culture du peuplier.
Marquant la frontière Est du marais, le canal Saint Martin était destiné à l’origine au transport de céréales produites sur les riches terres du Loudunais et du Mirebalais vers l’Anjou et la Loire. Les travaux, à l’initiative d’Augustin de la Faye, qui créa la Compagnie du Canal de la Dive, débutèrent en 1777 et, retardés par la période révolutionnaire, ne furent achevés qu’en 1834. Le canal ne fut jamais vraiment rentable, concurrencé par l’arrivée du chemin de fer dès 1870.
Sur la Commune d’Ouzilly-Vignolles, il se résume à un grand fossé rectiligne destiné à recueillir et canaliser les eaux descendant des versants situés entre Saint Clair et le Petit Vâtre. Au lieu-dit Sainte Catherine, il s’enrichit des eaux de la Briande pour rejoindre la Dive avant le village de Pas-de-Jeu. Il n’aurait été vraiment navigable qu’à partir de ce dernier village.
Le canal Saint Martin voit son étiage baisser d’année en année, suite à la diminution des précipitations et aux usages agricoles intensifs.